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Les premières traces concernant un éventuel théâtre à Bayeux se trouvent dans un extrait du registre des délibérations du conseil municipal de la ville, daté du 9 mai 1825, qui fait état d’un projet de construction d’un lieu « destiné à la représentation des ouvrages dramatiques », « sur l’emplacement et avec les matériaux des bâtiments connus sous le nom d’ancienne caserna de St Laurent ». « Les fonds nécessaires à cet établissement seront avancés par les citoyens et remboursés par la ville ».
Ce projet est né d’un groupe de bayeusains, amis des arts, et réunis en société privée, qui conçurent l’idée de faire construire une salle de spectacle « L’écho Bayeusain du 20 décembre 1842 ».
Une proposition de projet architectural d’un certain Alphonse Dugison, est faite le 21 mai 1826.
« La salle de spectacle pour la ville de Bayeux est projetée sur l’emplacement où existent les vieilles casernes, c’est à dire autour de la place dite « aux pommes.
La population de la ville de Bayeux étant d’environ 10000 âmes, la salle doit, d’aprés cette base, pouvoir contenir environ 500 personnes .
Cependant ce projet, en concurrence avec celui de l’architecte de la ville, Édouard Le Forestier, est évalué par celui-ci comme trop coûteux en comparaison du sien.
Finalement le théâtre se construira donc sur les plans et sous la direction de M Le Forestier, prenant en charge la construction, le 26 janvier 1827.
Il est achevé fin 1830.
C’est la troupe de Caen, le 2 novembre 1830, sous la direction de MM, Julien et Lefèvre-Panien, qui inaugure le théâtre de Bayeux avec, comme première représentation, une reprise des Victimes des Cloîtrées de Monvel.
Les spectateurs se pressent dans ce nouveau lieu et, durant les premières années, « le public alla s’asseoir avec assiduité sur les banquettes qu’on avait mis à sa disposition » ( l’Écho Bayeusain 20 décembre 1842).
La programmation des débuts du théâtre est plutôt diversifiée et de qualité. On y propose des drames historiques, des comédies et surtout des vaudevilles qui s’exportent facilement en province.
Puis on assiste à l’arrivée du répertoire classique dans les provinces. A Bayeux, cela marque le retour de Melle Georges.
A présent « Pensionnaire du roi et premier rôle tragique du Théâtre Français », elle donne au théâtre le 15 décembre 1838, accompagnée par des artistes des grands théâtres parisiens, une représentation
extraordinaire de Phèdre de Racine.
Elle revient à de nombreuses reprises, notamment au printemps 1840, où, après être passée à Caen le 19 mars, elle se produit à Bayeux. Sa venue est toujours attendue, et les Bayeusains se bousculent pour aller applaudir la comédienne, originaire de la ville, et qui participe à sa fierté.
Le 31 mars , on écrit à propos de la représentation qu’elle à donné de Marie Tudor ; « C’était fête jeudi à notre théâtre. Au mouvement qui existait dès 6h du soir autour de la salle, il était facile de s’apercevoir qu’il s’agissait d’un spectacle extraordinaire. C’est que la grande actrice qui a vu le jour à Bayeux avait bien voulu faire une apparition dans sa ville.
Ceux qui l’avaient déjà vue, et ceux qui ne la connaissaient pas encore que de réputation s’étaient réunis pour la saluer par de vifs applaudissements ».
La représentation est un succès, et le lendemain, elle joue la tour de Nesle.
A Bayeux, on ne peut passer à côté de Mademoiselle Georges, native de la ville, qui fait la fierté de ses habitants.
Cette grande comédienne de l’époque est née le 23 février 1787 à Bayeux, 6 rue St Patrice. Elle raconte que ; « Sa mère, comédienne d’une troupe de province s’apprêtait à incarner Catherine ou la belle fermière à Bayeux quand elle avait été prise de douleurs. Son mari, chef d’orchestre de la compagnie avait aussitôt plaqué pupitre et public pour voler à son chevet, suivi par les musiciens. »
Bercé par le spectacle dès son enfance, elle débute sa pratique théâtrale dans la troupe de son père puis, remarquée par Melle Raucourt qui l’emmène à Paris, elle entre à la Comédie Française en 1802 alors qu,elle n,a pas encore 16 ans.
Tragédienne favorite et égérie de Napoléon 1er, elle est considérée comme la première actrice de Paris, surnommée « reine de la tragédie » incontestée sous l’Empire.
Après s’être illustrée à la capitale dans des classiques comme Iphigénie en Aulide, Phèdre ou Andromaque, puis s’être expatriée à Londres et Bruxelles, le 5 janvier 1820, elle vient représenter Mérope à Bayeux, « sa vraie patrie », dans le cadre d’une tournée de quatre ans en province.
A l’époque, les Bayeusains ne disposant pas de théâtre, les spectacles ont lieu dans une salle privée ; l’ancienne Chapelle Saint-Vigord-de-Justice, rue des cuisiniers.
Elle remporte un grand succès et promet au maire 10000fr destinés à financer la construction d’un « temple de la tragédie » pour jouer les grands classiques grecs (Médée, Sémiramis….) .
A partir de 1868, le Théâtre de Bayeux subit des mutations, qui sont malheureusement plus des rénovations dues à de nombreux dégâts et détériorations accumulées au fil des années par la structure fragile du bâtiment.
Afin de subvenir aux besoin financiers que représentent les importants travaux à entreprendre pour préserver la salle de spectacle, les actionnaires proposent à la ville de lui céder les droits du théâtre.
Le 25 Août 1868, le maire de Bayeux, M. Despallières et les actionnaires de la salle de spectacle, dont M. Jourdain et Olive, signe une convention, dans laquelle sont consignés les termes de cet accord, le théâtre devient alors municipal.
Fin 19e, début 20e, le théâtre municipal de Bayeux présente un répertoire qui se compose surtout, pour les genres musicaux ; d’opérettes et d’opéra-bouffe, et pour les genres théâtraux ; de drames et vaudevilles.
Depuis 1895, on accueille surtout les tournées des éminents vedettes de l’époque (Sarah Bernhardt, Émilienne Joubert, Albert Brasseur….), qui reprennent, pour la province, les succès des grands théâtres parisiens.
Le théâtre de Bayeux est desservi presque exclusivement par des tournées, Givar, Baret, Lerval, Brasseur…. Qui ne venaient pas autrefois à Bayeux.
Les Bayeusains apprécient ces artistes célèbres et l’attention qu’ils portent à leur ville.
Le théâtre continu à tourner plus ou moins bien et, parallèlement, on assiste à l’arrivée dans la région d’une nouvelle forme de spectacle, le cinématographe, qui va prendre de l’ampleur et rencontrer un grand succès.
Depuis 1936, le théâtre de Bayeux connaît une activité faible voire nulle. Le bâtiment ne semble plus réellement fonctionner et le peu de traces que l’on trouve se rapportent à l’état de l’édifice, détérioré.
Du 17 juin 1944 au 31 Août 1945, le théâtre est réquisitionné par l’armée britannique.
Durant cette période, il y a eu environ une dizaine de représentations données pour les civils et, à la libération, les troupes britanniques donnent des spectacles en présence d’un public constitué principalement de soldats.
Après la guerre le théâtre à « rouvert » mais la situation du bâtiment devient problématique. Le passage de l’armée à laissé des traces dans le bâtiment avec notamment un commencement d’incendie qui a détruit une partie du lieu, déjà vulnérable.
La municipalité, après plusieurs discussions, choisit d’effectuer les importants les important travaux de rénovation et de réparation nécessaires.
Malheureusement, tous les travaux réalisés ne sont pas suffisant à long terme pour relancer le théâtre qui a trop souffert par le passé.
Finalement, après plusieurs proposition pour réhabilitation du lieu, il sera converti en cinéma.
L’inauguration a lieu le 26 septembre 1983. Le bâtiment est rebaptisé complexe cinéma « Le Molière »
Il peut accueillir, « cent, deux cent ou trois cent personnes suivant la salle, la façade avec ses pierres nettoyées, poncées, et le nom de Molière donne un cachet supplémentaire ».
Aujourd’hui, toujours en activité, il porte le nom de Méliès.
RECHERCHE REALISEE PAR NINON LEGENDRE